À l’horizon 2026, la facturation électronique deviendra la norme pour les échanges entre entreprises françaises. Mais dès 2025, un virage important s’amorce. Portée par l’administration fiscale, cette transition vise à moderniser les échanges commerciaux tout en resserrant les mailles du filet contre la fraude à la TVA.
Derrière cette réforme, il ne s’agit pas seulement d’un changement technique : c’est toute l’organisation de la facturation qui est appelée à évoluer.

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Le socle réglementaire
Une base posée dès 2020
L’initiative prend appui sur l’article 153 de la loi de finances pour 2020, complété depuis par plusieurs textes d’application. Deux grands piliers structurent la réforme :
- La facturation électronique obligatoire : les échanges entre entreprises françaises devront passer par des factures au format structuré, comme Factur-X, à transmettre via des plateformes de dématérialisation agréées.
- Le e-reporting : certaines informations de transactions — notamment celles hors B2B domestique — devront être transmises directement à l’administration fiscale.
Des multiples ambitions derrière la réforme
Au-delà du contrôle fiscal renforcé, le projet vise à :
- Alléger les processus comptables et réduire les erreurs humaines.
- Diminuer les coûts liés à la gestion manuelle des factures.
- Favoriser une digitalisation plus homogène du tissu économique.
Qui est concerné ?
Une réforme transversale, sans exception de taille
Toute entreprise assujettie à la TVA et implantée en France est dans le périmètre. Cela inclut :
- Les grandes structures et groupes internationaux,
- Les ETI et PME,
- Les micro-entreprises, si elles ne sont pas exonérées de TVA.
Des cas particuliers à ne pas négliger
- Les associations, si elles mènent une activité économique soumise à la TVA, doivent s’y conformer.
- Les entreprises étrangères non établies en France sont en principe hors champ, sauf si elles collectent de la TVA en France.
- Certaines opérations exonérées (actes médicaux, par exemple) sont dispensées de facturation électronique, mais pas forcément de transmission d’informations via le e-reporting.
2025 : l’année où tout commence (ou presque)
Un faux calme avant l’obligation
Même si aucune obligation formelle ne pèse encore en 2025, les entreprises ont tout intérêt à ne pas attendre 2026 pour se mettre en ordre de marche.
À prévoir dès maintenant
- Dire adieu au PDF par e-mail : ce format ne sera bientôt plus accepté. Il faudra passer par des fichiers structurés (XML, UBL, etc.) et utiliser une plateforme agréée.
- Faire évoluer ses outils : les logiciels de facturation devront s’aligner sur les exigences techniques de la réforme.
- Réorganiser ses équipes : cela signifie former, auditer, ajuster les processus et anticiper les flux entrants comme sortants.
- Recevoir les factures électroniques : cette obligation entre en vigueur dès septembre 2026, et tous devront y être prêts.
- Suivre les annonces officielles : les publications de la DGFiP ou du Ministère de l’Économie préciseront, au fil de l’année, les formats exacts et les procédures à respecter.
La réforme de la facture électronique : à quoi s’attendre, concrètement ?
Un calendrier pas si lointain qu’il n’y paraît
Ce n’est plus une promesse, c’est acté. La facturation électronique va devenir obligatoire, mais pas d’un coup. L’État a opté pour une mise en œuvre par paliers, en fonction de la taille des structures. Sur le papier, cela semble donner du temps. En réalité, ce délai est vite avalé si l’on n’a pas encore commencé à s’y pencher.

| Échéance | Ce qui change | Qui est concerné | 
|---|---|---|
| 1er septembre 2026 | Réception obligatoire des factures électroniques | Toutes les entreprises soumises à la TVA | 
| 1er septembre 2026 | Obligation d’émission | Grandes entreprises et ETI | 
| 1er septembre 2027 | Obligation d’émission | PME et micro-entreprises | 
Derrière ces dates, il y a surtout 2025 : l’année charnière, le moment où il faut anticiper — sérieusement. Ce n’est pas encore obligatoire ? Justement. C’est maintenant qu’il faut poser les bases.
Préparer sa boîte : pas juste une question de logiciels
1. Les outils doivent être prêts, mais ce n’est qu’un bout du sujet
Ce que la réforme exige, ce sont des fichiers structurés (UBL, CII, Factur-X — des noms qui ne parlent pas à tout le monde, mais qui vont devenir familiers). Et ces fichiers doivent circuler via :
- Le Portail Public de Facturation (solution gratuite, mais limitée), ou
- Une plateforme partenaire agréée (PDP), souvent plus souple.
Le bon vieux PDF qu’on envoie par mail ? Il ne passera plus.
2. L’organisation interne devra aussi changer de rythme
Il ne suffit pas de brancher un nouveau logiciel. Il faut revoir le processus de facturation dans son ensemble :
- Comment les données circulent ?
- Qui valide quoi ?
- Où sont stockées les factures, et comment les retrouver dans deux ans, si besoin ?
Et ça, ça touche plusieurs métiers : compta, finance, IT, parfois même les équipes commerciales.
3. La formation : le vrai enjeu sous-estimé
Ce n’est pas en envoyant un PDF de 40 pages sur « le nouveau cadre réglementaire » qu’on prépare ses équipes. Il faudra former, expliquer, répéter — et sûrement adapter les outils pour qu’ils soient utilisables sans friction.
Si on ne bouge pas ? Le mur n’est pas loin
Attendre le dernier moment, c’est comme monter une pièce IKEA sans notice et à la lampe torche. Les risques sont bien réels :
- Plus de factures qui passent : blocage technique.
- Des retards de paiement dus à des erreurs de format.
- Des amendes, parce que la DGFiP ne plaisante pas.
- Des coûts à rallonge, si tout doit être mis en place dans l’urgence.
- Un coup porté à l’image de l’entreprise, face à des partenaires déjà à jour.
Anticiper, ce n’est pas juste cocher une case
C’est aussi saisir l’occasion de :
- Réduire les saisies manuelles, et donc les erreurs.
- Accélérer les paiements, car tout est automatisé.
- Mieux piloter la trésorerie, avec une vision instantanée.
- Gagner du temps sur le traitement et l’archivage.
- Montrer une image moderne, alignée sur les standards actuels.
Ce qu’il faut absolument faire en 2025.
Quelques actions qui ne devraient pas traîner :
- Savoir si votre entreprise est dans le champ de la réforme.
- Vérifier votre calendrier spécifique (GE, PME, micro…).
- Regarder ce que vos outils actuels savent — ou pas — faire.
- Choisir une plateforme (publique ou privée).
- Prévoir les mises à jour de logiciels et les tests techniques.
- Parler aux équipes. Les impliquer. Écouter les freins.
- Préparer l’archivage légal (ne le sous-estimez pas).
- Lire — vraiment — les communiqués de l’administration. Pas juste les survoler.
Ce n’est pas une “simple réforme fiscale”. C’est un nouveau langage entre entreprises, un pas de plus vers une gestion intégrée, plus rapide, plus sûre — mais aussi plus exigeante. Ceux qui anticipent auront moins de stress, et probablement un coup d’avance. Les autres… risquent de courir.